Équitation école française

Enseignement d’un nouveau concept équestre utile au cavalier et au cheval

« Le secret de la réussite équestre, en toutes disciplines, en tout temps, en tout lieu :
L’Appropriation de la Coordination Motrice Héréditaire. » ACMH
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LES SAUTS D’EXTÉRIEUR OU LE NATURELLEMENT SAUTABLE par Guy Boivin

LES SAUTS D’EXTÉRIEUR OU LE NATURELLEMENT SAUTABLE

Les sauts d’extérieur se distinguent de ceux en carrière ou en CSO de part le contexte et l’environnement.

1- L’ÉQUITATION D’EXTÉRIEUR SE CARACTÉRISE PAR UN EFFORT DE LONGUEUR DURÉE.
Ses ressources disponibles et nécessaires pour sauter ne garantissent pas toujours l’habilité utile ni la marge sécurité suffisante. Aussi la vitesse raisonnable à l’abord pour un obstacle d’extérieur ou de chasse se situe autour de 400 mètres/minute. L’environnement, l’état du sol, la proximité de congénères, le paquetage du randonneur, la trompe de chasse du veneur constituent des paramètres aussi importants que la nature de l’obstacle et ses dimensions . LE SAUT D’EXTÉRIEUR ORIGINAL NE SURVIT AUJOURD’HUI QU’EN CHASSE A COURRE ET EN TREC. L’ensemble de ses caractéristiques ne permets pas au couple le recours à une technique d’abord et de franchissement sophistiquée et précise .

2- C’EST DONC LE CHEVAL QUI IDENTIFIE, PROGRAMME ET GÈRE LE SAUT ET L’APRÈS -SAUT.
Grace à sa fulgurante rapidité de traitement des informations perçues, le cheval se révèle très supérieur à l’homme pour les prises de décision. En conséquence : LE CAVALIER NE PEUT QUE S’ADAPTER A SON CHEVAL ET LUI FAIRE CONFIANCE. Toutefois cela n’exclue aucunement une éducation préalable du couple à l’apprentissage du saut . LE CHEVAL POUR SAUTER DANS UN TEL CONTEXTE A PLUS QUE JAMAIS BESOIN D’AVOIR CONFIANCE EN SON CAVALIER. C’est ce que FREDERICO CAPRILLI appelait LA CONFIANCE RÉCIPROQUE. Elle ne s’acquière que par la légèreté de l’assiette et de la main, fruit d’un travail préparatoire.

3- LE NATURELLEMENT SAUTABLE.
IL n’existe que deux types de sauts :
-Le saut d’élévation (la barrière)
-Le saut d’extension (le fossé)
Le naturellement sautable se situe à 1,10m, 1,20m de hauteur pour un saut du premier type. Et pour le second type de 2,50m, à 3m. Ces deux mesures sont considérées comme accessibles à la plus large moyenne des cavaliers et des chevaux qui ne sont pas éduqués à une technique de spécialisation du saut. Au delà de ces mesures on constate que la maitrise d’une technique de contrôle des paraboles du saut s’avère incontournable pour la majorité des couples .
Le naturellement sautable fut définit par nécessité dans les cavaleries militaires occidentales. Leur but visant avant tout le contacte avec l’ennemi ; Aussi pour la cavalerie en campagne, un obstacle était identifié comme naturellement sautable sans risque pour la troupe ou a contrario il était contourné.
Il en va de même aujourd’hui pour le veneur ou l’amateur d’extérieur
Un autre facteur reste lui incontournable : La condition du cheval. Car cet effort de longue durée fournit avant le saut ou restant à fournir détermine la réserve de force explosive utile au saut envisagé. Autrefois cette responsabilité incombait à l’officier aujourd’hui elle relève de l’encadrant équestre ou du cavalier.

– L’ÉQUITATION D’EXTÉRIEUR COMPORTE TOUJOURS UNE PART D’INATTENDU.
Le saut d’extérieur n’y échappe pas.
L’obstacle inattendu est inconnu au cheval et non reconnu du cavalier. L’estimation du sautable et la décision de le franchir se prend au débotter (à en perdre ses bottes). Il n’y a plus qu’en chasse que l’on rencontre ce type de difficulté. Elle reste une véritable curiosité équestre et sportive comportant un intérêt éthologique certain. Ce type de saut mérite vraiment d’être instauré dans certaines compétitions modernes. Il fait encore le bonheur d’amateurs éclairés et passionnés d’extérieur.
En randonnée où en sortie sportive il surgit parfois : Quand des chevaux manquant de métier, sautent derrière un congénère, une flaque d’eau où une particularité similaire.
L’attitude et le comportement du cheval reste alors très typique, qu’il s’agisse d’un saut d’élévation ou d’extension.
Le cheval utilise toujours deux postures successives d’identification lui permettant d’exacerber tous ses sens afin d’appréhender au mieux tous les éléments de son environnement.
1-L’obstacle lui-même
2- L’état du sol avant celui -ci
3- L’état du sol après celui-ci

Dans sa première posture (IMAGE 1) il se redresse et se rassemble. Il tend son encolure vers le haut, oreilles dressées et bout du nez pointé en avant. Il optimise ses champs auditif, olfactif, visuel et son équilibre, dégageant son balancier de toute contrainte. Puis dans les battues qui suivent cette foulée équilibrante et identifiante, il allonge sa foulée.
Commence alors la seconde posture: (IMAGE 1)
Il aplatit exagérément son avant main étendant au maximum son encolure vers le bas. La tète dans un placer naturellement ouvert assure au ras du sol la parfaite captation des informations olfactives et tactiles de dernières secondes. Puis il prend appel sur ses quatre pieds dans un mouchoir, plaçant ses postérieurs parfaitement parallèles (IMAGE2) afin d’assurer la meilleure poussée pour leur détente. L’encolure défile une parabole arrondissant le reste du rachis dans une parfaite rectitude aussi surprenante que naturelle (IMAGE 3). La réception s’opère simultanément sur les antérieurs rejoints par les postérieurs dans un autre mouchoir (IMAGE 4-5)).
L’encolure se retend à nouveau vers le haut, reconstituant la première posture afin d’anticiper une semblable réplique gestuelle (IMAGE 6) utile pour franchir d’éventuelles embuches non décelées au paravent et tout aussi inattendues.
Quelque soit la monte du cavalier, il en va toujours de même si la main et l’assiette restent légères, n’altérant en rien la succession d’équilibres déterminés par le cheval et la rectitude alors naturelle du couple en mouvement.
CES SAUTS INATTENDUS QUE NOUS APPELONS SAUTS D’IDENTIFICATION METTENT PLUS QUE JAMAIS A L’ÉPREUVE LA CONFIANCE RÉCIPROQUE.
Ces circonstances d’inattendu impliquent une tenue en selle profonde et légère et des aides fines offrant au cheval d’expérience la possibilité de gérer l’inattendu.

5- spécificité DES SAUTS D’EXTÉRIEUR.
Leurs difficultés résident dans le fait que le cheval doit franchement venir sauter « sans être tendu sur la main « . Cette notion moderne par ailleurs discutable pose de sérieux problèmes d’accessibilité à la légèreté « à la main ou de la main » pour une grande majorité de couples en extérieur. Le cavalier qui ne sait pas avoir un cheval léger à la main, finit par l’avoir sur les bras. Hors cette légèreté reste nous l’avons vu indispensable à la confiance réciproque.

6- QUE LE CHEVAL APPRENNE A SAUTER DE LUI-MÊME ET EN CONFIANCE RESTE INCONTOURNABLE.
Si la musculature doit être exercée, le cheval doit néanmoins acquérir l’habitude de jauger SON OBSTACLE afin de sauter dans la bonne foulée, ni trop prés ni trop loin. Un obstacle naturel fixe et droit d’un mètre de haut offre un bon outil de préparation aux trois allures. Au pas et au trot, il permettra au cheval de provoquer une bascule suffisante de l’encolure, du dos et du rein. De même qu’il permettra le travail en liberté ou à la longe à raison d’une douzaine de sauts à chaque main. Si le galop a tendance a se rompre il suffira de poser dans l’abord à huit mètres de l’obstacle une barre au sol. Elle l’obligera à s’équilibrer. Les sauts d’élévation causent plus de problèmes aux couples insuffisamment préparés que les sauts d’extension. C’est la raison pour laquelle sur des petits droits nous observons chez ces couples une parabole de saut exagérément longue et basse rasant le sommet de l’obstacle. Le cavalier ressent alors la sensation de prendre une longue foulée avant et après le saut .En vérité les foulées d’abord ne s’allongent pas plus. C’est le saut extensif qui donne cette impression au cavalier. En général cela se produit sur des obstacles de 80cm à 1 m.
L’utilisation d’obstacles de 50cm, si ils peuvent encore portés ce nom, servent plus à mettre en confiance les cavaliers débutants que les chevaux.
Le cheval doit jouer avec son cavalier sur des obstacles qu’ils doivent tous deux jauger. Mais sans aller au-delà de leurs capacités naturelles ou instinctives (non affinées vers la performance supérieure au naturellement sautable où les ressources instinctives ne suffisent plus).
Au dessus du naturel sautable, un autre degré de confiance réciproque s’affine au sein d’une technique d’abord et de saut plus élaborée. Cette condition du couple incitera le cheval à puiser d’avantage dans sa force explosive afin d’assurer le succès du franchissement. L’exploitation de cette force induit un état de fuite utile, mais ces deux facteurs ne présentent en extérieur de longue durée que trop d’inconvénients.

-7- LE CHOIX D’UNE MONTE ADAPTÉE
Il n’existe que deux types de monte au franchissement d’obstacle :
– Assis le buste verticale ou légèrement incliné vers l’avant
-En équilibre sur les étriers plus pou moins réglés courts, le buste incliné en avant
Le premier type dit à l’ancienne présente trois énormes inconvénients :
-Pour réussir des sauts réguliers et satisfaisants il faut une assiette profonde, solide, liante accompagnée d’une main précise et légère. Peu de cavaliers y parviennent de nos jours.
– Au planer et à la réception, l’extension du col du cheval s’ajoute au retrait obligatoire du buste imposant l’allongement des rênes autant que nécessaire au cheval. Une rapide et délicate reprise de rênes s’avère alors indispensables dans les cas de sauts en groupe, d’enchainement d’obstacles rapprochés.
– Cette monte ne permet pas « une mise sur la main  » continue comme nous l’entendons aujourd’hui.
Pour ces raisons elle fut délaissée. Toutefois pour le naturellement sautable elle contient des avantages qui mériteraient d’être valorisés et dépouillés d’idées fausses instaurées autant par un manque de pratique que d’inculture équestre.
Le second type dit en suspension ou en équilibre fut élaboré par CAPRILLI entre 1896 et 1906 pour une utilisation militaire : « Surprendre l’ennemi en tout temps, en tous lieux « Cette technique inspirée de certaines montes primitives assure à un maximum de couple l’obtention rapide de la confiance réciproque. L’assiette en équilibre s’associe à un rapport main bouche rendu constant et léger par la possible ouverture des coudes, ce qui rend la si délicate reprise de rênes inutiles. De plus la progression de la majorité des couples rendue rapide permet l’accessibilité aux sauts rapprochés et au dessus du naturellement sautable.
Mais son inconvénient en extérieur se révèle principalement sur des sols de réception imprévus encombrés de branches, de trous, de roches, ou bien encore accidentés, glissants, en forte déclivité.
D’autre part le recule de l’assiette en équilibre s’impose en extérieur inconnu ou de nuit. Cela s’opère par le recule des genoux sans pousser les jambes au deçà de leur verticalité. Le talon descendu s’aligne sous le genou. Cette caractéristique fondamentale de la monte Caprillienne en saut d’extérieur inattendus est aujourd’hui oubliée parce que ce genre de sport n’est plus guère abordé, qu’en chasse à courre.

8- CE QU’IL FAUT RETENIR :
LA PRATIQUE DU NATURELLEMENT SAUTABLE RESTE UNE BASE FONDAMENTALE POUR L’ÉDUCATION DU COUPLE D’EXTÉRIEUR.
Elle impose une situation naturelle qui est d’obtenir du cheval qu’il fasse ce qu’on lui demande en le laissant libre d’utiliser les moyens qu’il estimera nécessaires. on doit le persuader de faire ce que l’on veut en lui laissant la pleine liberté de se servir et de disposer comme il convient le mieux de son équilibre et de ses dispositions naturelles . Pour y parvenir il faut à tout prix préserver les éléments suivants :
-Une juste approche psychologique et /ou éthologique du cheval en extérieur
-Une impulsion franche et hardie dans des allures naturelles plutôt rasantes. LA DEMANDE D’IMPULSION UTILE NE DOIT PAS ÊTRE PRÉDATRICE. Celle-ci engendre une réaction de fuite plus nuisible qu’utile.
– Des cadences qui permettent au cheval d’adapter son équilibre selon les terrains.
Pour le galop :
400 à 450mètres/minute
Pour le trot:
210 0 200 m/m
190 à 200m/m en montée
220 m/m en palier
230 à 240 m/m en descente pour les spécialistes
– Un placer bas acquis dans les cadences ci-dessus
– Une légèreté de contacte dans l’assiette et la main. Le cavalier doit garantir la libre disposition du bras de levier tète encolure.
-L’intégrité de la confiance réciproque.

OBSERVATION DU GÉNÉRAL WATTEL (+1957) ANCIEN ÉCUYER EN CHEF
« Un cavalier vieillissant a tendance à faire rapprocher son cheval de l’obstacle. Un cavalier jeune ou resté jeune consciemment ou inconsciemment invite ou laisse son cheval partir de trop de loin plutôt que trop prés. Le cavalier vieillissant cherche à assurer la sécurité et consciemment ou non invite le cheval à ne pas partir de trop loin. Ce peut être dangereux si à cause d’une foulée de trop le cheval se jette sur l’obstacle.

CE QU’IL NE FAUT JAMAIS FAIRE
Sauter en équilibre avec une selle creuse, elle impose la monte assise.
– Sauter en groupe diffus, surtout avec des couples insuffisants
– Sauter en entrainant dans son sillage des couples incapables de s’arrêter à au moins 8 à 10m de l’obstacle. Par contre il est possible de sauter simultanément à plusieurs alignés aux bottes à bottes si le niveau des couples le permet. Cette méthode s’utilisait pour aguerrir la troupe en extérieur, leur galop ne dépassait alors jamais les 400 à 450m/m.